Personne ne l avait su mais il l avait suivie.
Elle l avait
pressenti et souhaite aussi -d'un desir en demi-teinte, de ces desirs
qu'on se refuse de formuler trop clairement de peur qu'ils ne
deviennent une indomptable réalite - elle l'avait redouté surtout. Mais
lui il s'était contenté d agir : il n avait pas pris le temps de douter
ni de peser ni de tergiverser.
La porte s'était ouverte sur l'évidence des regards qu'ils avaient échangés tout au long de la
journée. Seule la télé était allumée derriere elle, projetant sur les murs
et les draps blancs une froide et changeante lumiere et peuplant le
silence de la nuit de mots d'une langue confuse.
Entré, il s etait assis a terre et elle aussi, mais au sol et face a lui.
Face
a face ils se contemplèrent en silence, les yeux rieurs, intimidés par
le culot qui l'avait conduit à lui succéder dans sa chambre d'hotel,
là, maintenant, comme ça. Et puis, après un assez long moment, elle
avait alors penche la tête sur le coté et dans la continuité de ce premier geste,
porté sa main droite a son épaule droite d'ou elle avait lentement fait
glissé la bretelle de sa robe, le long de son bras, le long de sa peau -la sentant s'eveiller par des picotements- jusqu'à son coude.
C est
au moment ou sa main montait vers son epaule qu il avait a son
tour penché sa tete sur sa gauche et, dans la symetrie exacte de ses
mouvements à elle, il avait porté sa main a son epaule pour ecarter le replis
de sa chemise denudant une parcelle de sa peau qu'il avait sans doute
tres pale.
Elle avait alors fait le geste sur sa robe qui n en
portait pourtant aucun de déboutonner un seul bouton de la chemise
noire qu'elle n avait pas pendant que lui, l'imitant, avait degrafe
celui des ses boutons qui etait le plus haut.
Ses doigts a elle
deboutonnaient deja un deuxieme bouton de sa chemise a lui sur sa robe
a elle et lui defit le deuxieme bouton de sa propre chemise.
Qui finit par
s'entrouvrir entierement et cette fois sa peau plus nettement s exhiba
a la lueur des reflets dansants de l ecran televise qui eclairerent son
corps blanc de bleu a ce moment precis. Puis de jaune. Et de bleu a
nouveau, entre les pans noirs de sa chemise.
Dans le silence inexact
de la chambre que la tele troublait de mots d une confuse langue, elle
avait fait glisser la bretelle gauche sur son epaule et jusqu a son
coude alors qu il portait lui aussi sa main a son epaule droite afin de
faire glisser jusqu a son coude sa manche droite, decouvrant son
epaule. Bleue, jaune, puis bleue, et rouge.
Elle levait sa main
droite et la portait lentement a son cou et, inclinant legerement sa
tete en arriere, toujours dans le silence inexact de leur regard, elle
caressait doucement, comme au ralenti, sa chair, bleue, jaune, bleue,
rouge, du bout de ses doigts.
Il en faisait de meme et promenait maladroitement sur
son cou cambré dont saillait sa pomme d'Adam ses , - d'autant plus exacerbée qu'y était arrêté un stylet de lumière-, ses doigts de haut en bas puis comme elle il passa ses
propores mains sur son propre visage et sur ses propres lèvres,
toujours la regardant.
Ils oterent dans la symetrie de leurs
gestes lents les habits qui entravaient encore leurs torses et
laisserent apparaitre la chair nue et luisante de leurs buste et
resterent ainsi..
Sa robe pendait a sa taille. Elles avait a present
les seins nus et sa peau y etait marbree et tachetee de pieux vitraux
electroluminescents.
Puis elle se dressa et il se dressa. Ayant
tendu un bras devant elle, leur main entrèrent en contact et elle
promena précautionneusement ses doigts abandonnés le long de son bras
jusqu'a son epaule puis inclinant sa trajectoire elle passa sa main
ployee et tremblante sur leurs poitrines qui se raidirent et elle guida
leurs doigts le long de leur ventre jusqu a leurs hanches et pendant
qu'elle faisait glisser sa robe le long de ses jambes son pantalon
tomba a ses pieds, enfin leurs dessous giserent au sol.
Les
habits epars n osaient plus rien. Les couleurs sautaient toujours d
objet en objet et jouaient sur leurs corps nus. Les mots de cette
langue confuse bourdonnaient a leurs oreilles, lourde voute celeste.
Elle fit un pas en sa direction et put entendre son souffle. Sa
poitrine se gonflait comme son sexe a lui, dresse comme un défi.
Elle posa ses mains a plat sur son reflet et y porta ses levres.
Elle embrassa son reflet, solitaire, dans sa chambre d'hotel.